En début d’année scolaire, la FSU-SNUipp appelait les collègues à refuser de faire passer les évaluations nationales, pierre angulaire de la réforme du Choc des savoirs.

Dans le Doubs, certain.es enseignant.es ont décidé de s’inscrire dans la démarche de non mise en oeuvre des évaluations nationales dans leur classe. Ils et elles ont alors reçu un courrier de l’Inspecteur d’Académie les rappelant à leur obligation de service et les accusant de « priver leur école, le département et l’académie d’éléments de connaissances des acquis de leurs élèves essentiels à la constructions de leurs savoirs fondamentaux. »

Une partie de ces collègues se sont senti.es remis.es en cause dans leur professionnalisme alors même qu’ils et elles tentent de mener leur mission avec éthique et ont souhaité pouvoir expliciter leur position à M. l’Inspecteur d’Académie.
Une délégation a été reçue en audience durant plus d’une heure jeudi 6 février, accompagnée par la FSU-SNUipp.

La FSU-SNUipp25 a également alerté M. le DASEN sur la pression et/ou la culpabilisation exercées par certain.es IEN sur des équipes enseignantes au vu des résultats des évaluations. Celle-ci engendre de surcroît une crainte d’incidence sur l’évaluation des enseignant.es dans le cadre des rendez-vous de carrière.

Les enseignant.es présent.es et les représentant.es de la FSU-SNUipp ont pu développer largement les arguments motivant ce choix de non mise en œuvre des évaluations :

– ces évaluations sont un outil de pilotage ministériel, détournant l’enseignement vers tout ce qui est mesurable au détriment de toutes les autres compétences, notamment dans les autres matières tout aussi importantes.
– cette politique va à l’encontre de tous les consensus scientifiques sur l’apprentissage et le développement des enfants. L’éducation ne se résume pas à des chiffres ; elle est un processus complexe qui ne peut être évalué par des tests standardisés
– ces évaluations exercent une pression sur les enseignant.es pour atteindre des résultats chiffrés qui accentuent les inégalités et dégradent les conditions de travail. Elles poussent à privilégier la quantité au détriment de la qualité, à courir après des chiffres plutôt que de s’assurer de l’acquisition réelle des savoirs et ainsi participent à la perte de sens du métier. Elles ne prennent aucunement en compte les réalités de terrain.
– ces évaluations sont en contradiction avec le principe des cycles d’apprentissage, pourtant essentiels pour respecter les différents rythmes de développement des élèves. Ces évaluations ne tiennent pas compte des besoins spécifiques de chaque élève et mettent en péril la souplesse nécessaire à un enseignement adapté. L’école doit respecter le temps d’apprentissage de chaque enfant.

M. l’IA a été attentif à cette argumentation et a exprimé des remerciements pour cet échange constructif et pédagogique. Il dit avoir pu en effet constater que ce refus de passation venait d’une réflexion approfondie et a affirmé qu’il ne remettait nullement en cause le professionnalisme de ces enseignant.es. Nous lui avons fait remarquer que sa réflexion et son appréciation ne semblaient pas être partagées par certain.es IEN et pour sûr, pas non plus par les ministres successifs !

S’il a été sensible aux arguments présentés et s’est dit plutôt en accord avec certains d’entre eux, il reste néanmoins dans sa posture de représentant du ministère et indique que son courrier ne visait pas à culpabiliser les enseignant.es mais à rappeler que, selon lui, les indicateurs issus des évaluations sont des outils indispensables pour trouver les leviers pour faire progresser les élèves. Il réfute toutefois toute idée de classement des écoles ou de mesure du « mérite » des enseignant.es par ce biais.

Audience suite au boycott des évaluations nationales

Audience suite au boycott des évaluations nationales